Affichage des articles triés par pertinence pour la requête Vieux fourneaux. Trier par date Afficher tous les articles
Affichage des articles triés par pertinence pour la requête Vieux fourneaux. Trier par date Afficher tous les articles

mercredi 16 décembre 2015

Les vieux fourneaux T3 : Celui qui part - Cauuet et Lupano

Où l’on retrouve Antoine, Pierrot et Mimile se retournant sur un passé qu’ils auraient sans doute préféré laisser profondément enfoui. Pourquoi Antoine et sa voisine Berthe se détestent autant ? Pourquoi Mimile est-il parti au bout du monde à vingt ans ? Et qui est ce marin australien, estropié et balafré, qui déambule dans les rues du village ? Autant de questions qui trouveront des réponses au fil des pages, quitte à égratigner quelque peu  la respectabilité de chacun.

En voyant le titre (« Celui qui part »), je me suis dit qu’on allait perdre en route un de nos vieux fourneaux. Impression renforcée après le malaise de Mimile dès les premières pages. Heureusement, il n’en fut rien (ok, je spoile, et alors ????). Dans ce troisième tome, Lupano ne se repose pas sur ses lauriers. Il aurait pu se contenter du service minimum et décliner une fois encore les ingrédients qui ont fait le succès de la série, entre militantisme bon enfant, humour ravageur et gouaille inimitable. Sauf que. Pour pimenter l’affaire, il nous montre ses personnages sous un jour plus sombre, nous plonge dans un passé pas vraiment reluisant. J’ai adoré cet angle d’attaque. Le fait que l’on ait une jeunesse dont on ne soit pas spécialement fier, qu’il y ait un écart entre ce que l’on a été et ce que l’on est devenu, c’est quelque chose qui me parle énormément (et ne comptez pas sur moi pour rentrer dans les détails).

Après, les vieux fourneaux restent les vieux fourneaux, et c’est ça qui est bon : remontés comme des coucous, indignés, colériques, de mauvaise foi, altruistes… et drôles, terriblement drôles. Un bonheur de retrouver également  des dialogues ciselés, un ping-pong verbal permanent entre des gens qui n’arrêtent pas de se couper la parole et tombent plus souvent qu’à leur tour dans l’invective.

Antoine, Pierrot et Mimile. Des pépés flingueurs toujours aussi attachants, toujours aussi politiquement incorrects, avec chevillée au corps une indéfectible amitié. Un troisième âge qui a une pêche d’enfer et continue de croquer la vie à pleines dents. Assurément le troisième âge tel que je voudrais le connaître (bon, d’ici très longtemps hein, parce que l’air rien, je suis encore jeune et fringant. Surtout fringant d’ailleurs…).

Les vieux fourneaux T3 : Celui qui part de Cauuet et Lupano. Delcourt, 2015. 64 pages. 12,00 euros.

Une lecture commune que j'ai une fois de plus le plaisir de partager avec Noukette.


Les avis de Les avis de Canel, Dasola, Gambadou, Laure, Sabine, Violette, Yvan











mercredi 29 octobre 2014

Les vieux fourneaux T2 : Bonny and Pierrot - Lupano et Cauuet

Quel plaisir de retrouver ces chers vieux fourneaux ! Pierrot, l’activiste du groupe, se retrouve à la tête d’une coquette somme d’argent, offerte « pour la cause ». Mais c’est moins l’impressionnant paquet de fric que le nom de la généreuse donatrice qui le bouleverse. Ce cadeau tombé du ciel est le point de départ d’un enchaînement de situations cocasses où l’on découvre une fois de plus que le 4ème âge n’a besoin d'aucune leçon pour faire chier le système.

Invasion de bars branchouilles par des commandos d’ancêtres au son de la java bleu, attentats gériatriques malodorants dans les soirées sélects de l’UMP, hacking du blog de Nadine Morano par une mamy férue de nouvelles technologies, communauté libertaire autogérée plutôt que maison de retraite, Lupano se lâche et le lecteur se marre ! Après le passé d'Antoine, l’accent est cette fois mis sur celui de Pierrot et de Mimile, avec toujours en toile de fond une vieille histoire d’amour qui gratte et sur laquelle il est difficile de tirer un trait. Et comme dans le tome précédent, de nombreux flashbacks apportent les éclaircissements nécessaires à la compréhension de l’ensemble.

Le premier volume restera sans doute mon grand coup de cœur BD de l’année. Si ce second est lui aussi très réussi, je l’ai quand même trouvé un cran en dessous (il faut dire que la barre était haute !). Peut-être l’effet de surprise en moins. Peut-être le propos beaucoup plus politique. Peut-être le fait d’insister davantage sur le comique de situation et de répétition (l’histoire des baguettes de pain) au détriment des dialogues, un poil moins savoureux. Franchement, je chipote, mais qui aime bien châtie bien.

Et puis peu importe après tout.  J'ai beaucoup rigolé au cours de ma lecture et ce n’est pas le genre de chose qui m’arrive tous les jours. Je salue donc à nouveau la prise de risque des auteurs, leur inventivité et leur engagement. Trois qualités qui se font de plus en plus rares, même (et surtout…)  dans le monde de la BD.

Les vieux fourneaux T2 : Bonny and Pierrot de Lupano et Cauuet. Dargaud, 2014. 56 pages. 12,00 euros.

Une lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Mo' et Noukette, deux vieilles de la vieille que l'on ne présente plus !







mercredi 7 mai 2014

Les vieux fourneaux T1 : Ceux qui restent de Lupano et Cauuet

Antoine, 77 ans, vient de perdre sa femme. Pierrot et Émile, les amis de toujours, sont là pour le soutenir le jour de l’enterrement. Mais quand il apprend le lendemain que son épouse bien-aimée a eu une relation extraconjugale une quarantaine d’années auparavant, il devient fou de rage. Surtout que l’amant n’était autre que son patron de l’époque, magnat d’un grand groupe pharmaceutique, aujourd’hui nonagénaire exilé par sa famille dans une villa toscane où il passe ses journées à sucrer les fraises, frappé de plein fouet par un Alzheimer dévastateur.

Décidé à venger son honneur, Antoine prend son fusil et saute dans sa voiture, direction l’Italie. Pour éviter le drame, Pierrot et Émile, accompagnés de Sophie, la petite-fille d’Antoine, s’embarquent à leur tour dans un périple mouvementé…

Un régal cet album ! Ces petits vieux sont attachants mais pas que. Ils fument et picolent parce qu’il n’y pas de raison de se priver de ces petits plaisirs, ils débordent d’énergie, ne sont certes pas dans la forme de leur vie mais ils sont prêts à déplacer des montagnes pour aider leur copain. En ces temps d’égoïsme, ils revisitent l’altruisme de façon magistrale. Et sans mièvrerie, avec un cynisme et un humour dévastateur. La réflexion politique n’est jamais loin, les dialogues, très travaillés, sonnent comme du Audiard mâtiné de Jean Rochefort. Même l’ex-patron est drôle malgré lui et finit par devenir attendrissant.

Et que dire de la confrontation savoureuse entre Sophie, digne représentante de la jeunesse actuelle, et ces vieillards qu’elle considère comme « la pire génération de l’histoire de l’humanité. » Un régal je vous dis !

Il faut reconnaître aussi que le dessin de Cauuet offre à ces papys des trognes inoubliables. De nombreuses choses passent dans leurs regards, leurs postures et leurs corps abîmés par les années, tout cela participe à rendre l'atmosphère de cet album assez unique.

Un premier tome en tout point excellent, rocambolesque à souhait, mélangeant avec bonheur le road trip improbable et la comédie sociale, on en redemande. Ça tombe bien, le second volume est déjà entièrement dessiné et devrait sortir en novembre. Une vraie bonne nouvelle !

Les vieux fourneaux T1 : Ceux qui restent de Lupano et Cauuet. Dargaud, 2014. 56 pages. 12,00 euros.

Une lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Moka, Noukette et Yaneck.

L'avis d'Yvan






mercredi 17 février 2021

Le plongeon - Séverine Vidal et Victor L. Pinel

Yvonne, 80 printemps, s’apprête à quitter son domicile pour rejoindre un Ehpad. En plus de laisser derrière elle les souvenirs d’une vie, elle doit se faire à un environnement qui n’a rien d’emballant. Heureusement ses nouveaux compagnons l’aident à supporter un quotidien plombant. Surtout Paul-François, dont la gentillesse, la prévenance et le charme ne la laisse pas indifférente.

Corps flasque, mémoire qui flanche, horizon bouché, la vieillesse est  un naufrage et l’Ephad la dernière étape avant de couler pour de bon. Mais Yvonne compte vivre pleinement les rares moments positifs qui s’offrent à elle et à ses amis. A la fois forts et fragiles, ces petits vieux échappent à toute forme de caricature. Drôles, amers, tristes, joyeux, moqueurs ou amoureux, ils ne s’enferment dans aucun stéréotype et, sous les crayons virtuoses de Victor L. Pinel, s’expriment souvent davantage avec leurs attitudes et leurs gestes qu’avec des mots.

© Séverine Vidal & Victor L. Pinel -
éd. Grand Angle/Bamboo



J’avais adoré l’album précédent de ce duo d’auteurs, je retrouve ici avec plaisir leur complicité narrative où la sensibilité guide à la fois le texte et l’image. Moins engagés et vachards que Les vieux Fourneaux, leurs personnages allient avec bonheur l’humour et l’émotion, le pudique et l’intime. Les corps et les sentiments se montrent sans fard, le regard porté sur les années passées se veut lucide sans être plaintif. Pas besoin d’être geignard ni de s’appesantir sur son sort, il faut faire avec ce que l’on a, avec ce qui nous reste sans penser à ce qui a été perdu et ne reviendra plus. Ils sont beaux ces aînés croquant une dernière fois la vie à pleines dents, ce fut un indicible plaisir de faire ce plongeon à leurs côtés.

Le plongeon de Séverine Vidal et Victor L. Pinel. Bamboo, 2021. 80 pages. 17,90 euros.





Les BD de la semaine sont chez Moka






mercredi 14 septembre 2016

Au fil de l’eau - Juan Diaz Canales

Dans un Madrid en plein marasme économique, le vieux Niceto et ses amis arrondissent leurs fins de mois en vendant à la sauvette des objets « tombés du camion ». L’octogénaire et ses comparses ne font de mal à personne mais lorsqu’un des leurs est retrouvé mort la nuque brisée, l’inquiétude les gagne. Une inquiétude qui s’amplifie le jour où un second membre de la bande est assassiné. Quand Niceto se volatilise sans laisser de traces, son fils Roman et de son petit-fils Alvaro partent à sa recherche et découvrent quelques secrets pour le moins inattendus.

J’ai d’abord cru à un remake des Vieux Fourneaux, surtout après la sortie anticléricale d’un des vieillards dans une église pendant un enterrement, mais finalement ça n’a rien à voir, essentiellement parce qu’il n’y a aucune dimension humoristique dans cet album. Ensuite, si j’ai bien saisi qu’on avait affaire à une sorte de polar, j’avoue que je n’ai pas tout compris à cette partie de l’intrigue, notamment le mobile qui pousse le tueur à agir. Mais peu importe car cette histoire m’a emporté à travers la réflexion menée sur la vieillesse et le temps qui passe : les trois générations d’une même famille (le grand-père qui n’a plus beaucoup d’années devant lui, le père à l’aube de la retraite et le fils bientôt papa pour la première fois), les liens tissés depuis des décennies avec des copains eux aussi en bout de course, ces rêves restés à jamais inaccessibles et ces fautes passées que l’on traîne comme un fardeau. Il y a aussi la mise en lumière de la crise frappant de plein fouet la société espagnole et poussant un nombre toujours plus important de personnes vers la précarité.

Pour le dessin, Juan Diaz Canales, scénariste de la cultissime série Blacksad, s’en sort admirablement avec son noir et blanc semi-réaliste digne de son confrère Carlos Gimenez ou des maîtres argentins Risso et Munoz. La surprise est d’autant plus belle qu’il est quand même rare de voir un scénariste se mettre aux pinceaux (l’inverse étant beaucoup plus courant).

Un album dont la profonde dimension sociale m’aura bien plus marqué que l’aspect « polar ». Sombre et lucide, jamais complaisant, triste et pétri d’humanité, ce « Fil de l’eau » s’annonce comme une des belles surprises de cette rentrée BD.

Au fil de l’eau de Juan Diaz Canales. Rue de Sèvres, 2016. 104 pages. 17,00 euros.


Une lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec mes complices Mo et Noukette.

Les avis de Mylène et Stephie














dimanche 8 mars 2015

Un océan d’amour - Lupano et Panaccione

Certains livres sont plus précieux que d’autres. Parce qu’ils ont par exemple été offerts par des personnes qui comptent énormément ou encore parce que leur lecture a été un moment de grâce, une bulle de douceur loin des soucis du quotidien. Et bien Un océan d’amour réunit à lui seul ces deux conditions en ce qui me concerne.

Comment ne pas craquer pour les déboires de cette bigouden et de son mari marin. Harponné par un chalutier, il dérive sur l’océan avec une mouette pour seule compagnie. En chemin il croisera un pétrolier pollueur, des douaniers un peu trop zélés et des pirates plutôt bienveillants. Quant à elle, bien décidée à le retrouver, elle s’embarquera pour une croisière vers Cuba dont elle ne sortira pas indemne.

La BD muette me touche quand elle ne donne pas dans la démonstration technique et conceptuelle, quand le dessin reste en permanence au service de l’histoire et que sa fluidité permet un confort de lecture optimum. Autant vous dire que c’est le cas ici. L’alchimie fonctionne entre les délires scénaristiques finalement très structurés de Lupano et leur mise en scène par un Gregory Panaccione au sommet de son art. Je crois que jamais un récit muet ne m’avait autant parlé !

J’adore Lupano pour sa capacité à prendre en permanence le contre-pied des modèles dominants. Il fait de losers ou de retraités des héros magnifiques (Ma révérence et Les vieux fourneaux), et quand il s’attaque au western, c’est pour dénoncer l’usage des armes à feu (L’homme qui n’aimait pas les armes à feu). Ici, il nous raconte une histoire d’amour XXL entre un marin maigrichon et binoclard et une bigouden taillée comme une armoire normande. Tout sauf des gravures de mode mais des personnages attachants prêts à soulever des montagnes pour se retrouver. L’alternance de séquences hilarantes et d’autres plus dramatiques donne toute sa force à l’ensemble. Le découpage dynamique et imparable de Panaccione offre à leur épopée maritime l’écrin qu’elle mérite.

Une BD incroyable, totalement inclassable, dans laquelle on a envie de replonger encore et encore pour y dénicher de nouveaux détails, de nouvelles trouvailles ayant échappés à la lecture précédente. Une réussite totale, un album pétillant comme une coupe de champagne. Mais sans aucune bulle !

Un océan d’amour de Wilfrid Lupano et Gregory Panaccione. Delcourt, 2014. 224 pages. 24,95 euros.


Une lecture commune que j'ai l'immense plaisir de partager avec Moka.


Les avis de Livresse des mots, MargueriteMo', Noukette, SandrineSara et Violette.





samedi 5 novembre 2016

Le loup en slip - Lupano, Cauuet et Itoïz

Regard fou, cri glaçant, crocs comme des pioches, poil hirsute… le loup terrorise les habitants de la forêt. Du moins jusqu’au jour où il se montre attifé d’un slip à rayures. Impossible pour les animaux de voir dans cet accoutrement ridicule le monstre incarnant chez eux une forme de peur collective aussi irraisonnée qu’incontrôlable. Mais le loup s’en fiche car ce slip a changé sa vie. Grâce à lui ce frileux n’a plus froid aux fesses et le confort, il n’y a rien de plus important pour se sentir bien dans sa peau. Et peu importe si à cause de cela le mythe s’effondre…

Des Vieux fourneaux au Loup en slip, de la comédie sociale grinçante à l’album pour enfants, Lupano et Cauuet semblent cultiver l’art du grand écart. En apparence seulement car on retrouve dans le loup en slip cet humour décalé et un peu noir, cette propension à mettre en lumière certains travers de nos sociétés pour mieux démontrer leur absurdité. Brigade anti-loup, clôture anti-loup, cours de karaté anti-loup, pièges à loup, livres et conférences sur le loup, chacun profite à sa manière de la terreur suscité par l’animal pour faire son beurre. Alors quand ledit animal se révèle bien plus inoffensif que la rumeur ne le laisse penser, c’est la catastrophe, car comment vivre sans la peur quand cette dernière est devenue quand cette dernière est devenue notre seule raison d'être ?

Dialogues enlevés, illustrations regorgeant de détails et récit d’une imparable fluidité, c’est une partition sans fausse note, conclue par une dernière vignette totalement inattendue et férocement drôle qui m’a fait hurler de rire. Un pur régal que je classe d’emblée dans mes coups de cœur de l’année, qu’on se le dise !

Le loup en slip de Lupano, Cauuet et Itoïz. Dargaud, 2016. 36 pages. 10,00 euros. A partir de 5-6 ans.






mercredi 15 février 2017

Proies faciles - Miguelanxo Prado

Ça commence par un corps retrouvé dans un appartement. Aucune trace de violence, on pense à une crise cardiaque ou un suicide. Le lendemain, une femme s’écroule en se rendant dans les toilettes d’un café. Puis c’est un joggeur qui casse sa pipe en plein effort, un homme mort en sortant de la douche dans son club de sport, une autre femme dans un salon de coiffure… Après analyse, on découvre que toutes les victimes ont été empoisonnées. Leur point commun ? Elles travaillaient pour des banques impliquées dans la crise financière ayant ruiné des millions d’Espagnols. Suffisant pour que la police privilégie la thèse d’une sombre vengeance et se lance sur les traces d’un serial killer…

« Un polar social » annonce la quatrième de couverture. Il y a de ça, évidemment. Mais c’est aussi un plaidoyer très politique et très anticapitaliste, une prise de position engagée et assumée contre les banques et plus généralement les financiers qui s’enrichissent sur le dos du petit peuple. Après, le déroulement de l’enquête importe moins que les motivations qui ont poussé le(s) coupable(s) à agir. D'ailleurs j’ai beaucoup aimé les échanges entre l’inspectrice de police et le « cerveau » des meurtres, les arguments qu’ils s’opposent, leurs visions de la justice et du « système » avec, en arrière-plan, des questionnements autour de l’éthique, la décence, la dignité et la responsabilité.

Loin de l’esthétique léchée et des couleurs expressives d’Ardalén, Miguelanxo Prado donne ici dans la sobriété avec un trait un peu austère et des cadrages sans fioriture, comme s’il voulait éviter au lecteur de se disperser pour qu’il se concentre sur l’intrigue et rien que sur l’intrigue. Le pari est réussi, surtout quand on sait que le dessinateur a travaillé sur cet album à la peinture acrylique, uniquement avec du noir et blanc sur un papier de couleur grise. Pour le coup, le résultat est assez bluffant.

Proies faciles, c’est les vieux fourneaux version hardcore, l’humour en moins parce qu’il n’y a vraiment pas de quoi rire de cette tragédie. Le propos est sans équivoque, le parti pris ne laisse place à aucune ambiguïté sans pour autant sombrer dans la caricature. Un exercice d’équilibriste en tout point réussi.

Proies faciles de Miguelanxo Prado. Rue de Sèvres, 2017. 96 pages. 18,00 euros.


Une lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Mo.














mercredi 30 décembre 2015

Coups de cœur BD 2015

Encore plus de 200 BD lues cette année, je tiens grosso modo le même rythme depuis 25 ans, ça commence à faire. J'ai dû en présenter 70 ici-même en 2015, voici mes cinq préférées :

Le grand méchant Renard : édition limitée spéciale Noël de Benjamin Renner. Delcourt, 2015. 252 pages. 22,95 euros.

Un album que j'aurais lu deux fois, en édition "normale" et en édition "spéciale Noël" avec une histoire inédite. Et toujours avec le même plaisir. Surtout, c'est un album que tout le monde a lu et adoré à la maison, le genre de chose qui n'arrive quasiment jamais et qui est pour moi un indiscutable gage de très haute qualité !





Un océan d’amour de Wilfrid Lupano et Gregory Panaccione. Delcourt, 2014. 224 pages. 24,95 euros.

Un fabuleux album muet, à lire absolument. J'y tiens d'autant plus qu'il m'a été offert en début d'année pour mes 40 ans et on ne pouvait pas me faire de plus beau cadeau !






Paul à Québec de Paul Rabagliati. La Pastèque, 2009. 188 pages. 23,00 euros. 

J'ai enfin pris le temps de lire cette année Paul à Québec, le seul titre de la série qu'il me restait à découvrir. Un album qui m'a touché en plein cœur, sur un thème difficile, mais traité avec pudeur et dignité.






Les beaux étés T1 : Cap au Sud de Zidrou et Lafebre. Dargaud, 2015. 56 pages. 14,00 euros.

Impossible de ne pas mettre Zidrou dans mes coups de cœur de l'année, surtout avec cette belle chronique familiale douce amère et pleine de nostalgie.






Deux frères de Fabio Moon et Gabriel Ba, d’après le roman de Milton Hatoum. Urban Comics, 2015. 232 pages. 22,50 euros.

Je reste définitivement un grand fan des frères Moon et Ba. Fan de leur trait puissant en noir et blanc et de la densité de leur narration, parfois exigeante mais qui me procure un plaisir de lecture incroyable. 







Bon je me suis limité à cinq mais j’aurais pu en citer au moins cinq autres : le formidable Moby Dick de Chabouté, les increvables Vieux Fourneaux, la suite de l'autobiographique Arabe du futur, les fascinants Ogres-Dieux ou encore une autre magnifique adaptation, celle du Vieil homme et la mer.